Rando en autonomie entre 2500 et 3000 mètres
Et voilà, c'est fait... plus d'âne cette fois-ci, seulement nous 5 et la montagne. Objectif: survie en 4 jours et 3 nuits entre 2500 et 3000 mètres. Où? Dans le Valais, Val d'Anniviers, départ de Zinal-Sorebois. Au total, 50 km en 4 jours, 1000m de dénivelé positive par jour... et beaucoup trop de kilos sur le dos.
Bon, certes, y'a plus d'âne... mais les bouquetins se montrent (en arrière plan, le lac du barrage de Moiry, entre Zinal et Grimentz).
La magie, c'est la montagne (et vice-versa). D'abord, il pleut (on a eu droit à quelques douches mémorables, y compris durant les repas), ensuite tout change et au petit matin, après une nuit ponctuée de pluies violentes - ce qui n'est pas facile à vivre sous tente à 2500m d'altitude... - le soleil déploie ses rayons et nous éblouit de beauté sauvage.
Cette année, vous aurez remarqué, les glaciers étaient bien blancs...
La montagne, c'est aussi des couleurs... près du lac de Lonaz, à près de 2600 mètres, le gel saisit la rosée sur les toiles de tentes. En attendant le café bien chaud du matin, les nez sortent des tentes, et le spectacle est à la hauteur des efforts consentis.
... ciel mes bijoux! dirait la Castafiore. Quel bijoux ce ciel! dirons nous. Même son reflet nous remplit les yeux... Platon disait que le reflet n'est qu'une pâle copie de la réalité. Au même titre, la photo n'est qu'une pâle copie de ce que nos yeux ont vu. Une petite boule au fond de l'estomac se serre quand nous y pensons. Franchement, les amis, c'est dur d'y aller, c'est lourd à porter, c'est pénible à réaliser, c'est tout ce que vous voulez... mais c'est surtout la beauté à l'état pur. Ces images, que nous partageons avec vous, c'est sans doute les plus belles choses qui nous ont été données de voir.
Et le mystère continue, car la montagne reste sauvage, et elle nous le montre: orages, pluies, effondrement de séracs, cris d'animaux, brouillard... tout nous ramène à notre vraie place. Leçon d'humilité. Leçon de vie. Leçon de bonheur.
Mais au total, le spectacle est là. La Brentaz nous tend les bras, et nos invite à la gravir. Comment résister à un tel appel? Serait-il seulement pensable de rester à ses pieds alors que le ciel est à portée de main?
Alors on marche, on s'encorde, on grimpe, on sue, on peste, on pause, et puis on regarde. Tous les efforts s'effacent, tous les soucis s'envolent. Le reste, c'est une affaire d'hommes et de femmes qui retrouvent le sentiment que toute chose est à sa place, et que notre place, elle a une mesure. Cette mesure, nous la prenons, et c'est bon.
Une fois la mesure prise, il faut l'accepter, s'y fondre. Et nous (re-)devenons petits. Nous nous réduisons à l'herbe sauvage qui capture les rayons de l'astre de vie. Si les montagnes au loin deviennent des silhouettes, c'est pas grave... nous sommes tellement petits à côté d'elles, elles nous donnent notre vraie dimension, et nous ne méritons pas de nous mesurer à elles.
Une fois que nous avons compris notre vraie dimension, nous pouvons enfin entrer dans la montagne, nous laisser apprivoiser par elle, nous y "vacher" (les grimpeurs comprendront), et nous y engager pour le meilleur...
C'est à ce moment précis que nous comprenons la vraie valeur de la vie, même si c'est éphémère. Peu importe, nous avons touché le paradis!
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